Le Prix des Deux Magots a 90 ans !

Le Prix des Deux Magots épouse l’histoire du café et du quartier qui l’ont vu naître.

Fondé en 1933, à la suite des trois autres grands prix institutionnels — le Prix Goncourt (1902), le Prix Femina (1904), le Prix Renaudot (1926) —, le Prix des Deux Magots est l’une des plus anciennes et prestigieuses distinctions littéraires françaises, ancré au cœur de Saint-Germain-des-Prés.

Il célèbre ses 90 ans en 2023. Traditionnellement remis en janvier, il sera désormais attribué chaque dernier lundi de septembre, s’inscrivant comme le premier grand prix de la rentrée littéraire de l’automne.

La fantaisie, l’audace et la liberté de choix sont les vertus cardinales et immuables du prix depuis sa création. En distinguant Raymond Queneau, alors peu connu du grand public, le jury de l’année 1933 jette un pavé dans la marre. Le ton est donné : le Prix des Deux Magots, créé en réaction au Prix Goncourt jugé trop académique, suivra sa propre voie, en accord avec l’esprit des lieux : artistique et non-conformiste par excellence.

Le Prix des Deux Magots a 90 ans !

Le lendemain, apprenant la création inopinée du prix par son retentissement dans la presse, le propriétaire du Café des Deux Magots, Auguste Boulay, décide de doter lui-même le prix. Le principe ne s’est jamais démenti ; chaque année, le Prix des Deux Magots est récompensé par la famille Boulay-Mathivat, à la tête de l’établissement depuis quatre générations.

 

En près d’un siècle, seulement trois présidents se sont succédés à la tête du Prix des Deux Magots : Henri Philippon, Jean-Paul Caracalla et aujourd’hui Étienne de Montety, écrivain, directeur du Figaro littéraire et ancien lauréat 2014 pour La route du salut.

Le palmarès est d’un éclectisme assumé : des premiers romans comme L’Europe buissonnière (1950) d’Antoine Blondin, le polar culte d’Albert Simonin Touchez pas au grisbi ! (1953) ou le roman érotique de Pauline Réage Histoire d’O (1955), le Prix des Deux Magots défriche et dévoile une littérature discrète mais inventive « capable de s’éloigner des trames littéraires ressassées ». Il cultive une certaine indépendance de pensée qui se retrouve dans le choix des lauréats : Michel del Castillo (Le vent de la nuit, 1973), Geneviève Dormann (Le bateau du courrier, 1975), Sébastien Japrisot (L’été meurtrier, 1978), François Weyergans (Macaire le Copte, 1982), Gilles Lapouge (La bataille de Wagram, 1987), Marc Lambron (L’impromptu de Madrid, 1989), Christian Bobin (Le Très-Bas, 1993), Eric Neuhoff (Barbe à papa, 1996), Serge Joncour (L’Ecrivain national, 2015), Jérôme Garcin (Le dernier hiver du Cid, 2020)… Fidèle à sa vocation de « découvreur », le Prix des Deux Magots a révélé de nombreux auteurs. Ainsi, Marc Dugain, lauréat en 1999 pour La Chambre des officiers, obtiendra par la suite près de vingt prix littéraires.

Tout en perpétuant l’esprit du prix, Étienne de Montety entreprend de le moderniser. Le choix du lauréat procède dorénavant d’un jury en partie renouvelé. Il réunit des personnalités issues d’univers différents : Isabelle Carré, Clara Dupont-Monod, Abel Quentin, Jean-Luc Coatalem, Benoît Duteurtre, Pierre Kyria, Marianne Payot, Pauline Dreyfus, Laurence Caracalla, Éric Deschodt et Jean Chalon.